Se concentrer sur l’essentiel, s’occuper du nécessaire et gérer simplement et rapidement le reste
Les principes que je vais vous expliquer ne sont pas issus de livres ou de cours, ils sont le fruit précieux d’une expérience cuisante et d’une sorte de résurrection professionnelle. J’ose même dire que tant dans leur esprit que dans leur formulation, ils sont contraires à la doctrine dominante dans les grandes écoles de management.
Ma démarche a été depuis le début de ma vie active celle d’un autodidacte et j’en suis fier. Elle s’est nourrie de petits et de grands échecs, de recommencements, d’acharnement et de réflexion. Élaborer des principes d’actions à partir de l’expérience, plutôt que de chercher à appliquer une belle théorie dans une réalité qui ne ressemble jamais à ce que l’on imaginait m’a toujours paru plus efficient et plus utile. L’essentiel pour moi n’est pas une belle théorie bien construite, mais une action déterminée et réfléchie.
Voici ces 7 principes pour une gestion performante de votre entreprise :
1. Rechercher la légèreté
C’est d’abord la légèreté de la structure juridique de l’entreprise : Examiner d’abord la Raison individuelle, la forme juridique la plus simple, la plus légère, la moins contraignante, la moins coûteuse. En cas d’activité risquée, envisager la Sàrl et ne pas se tourner d’abord vers la SA, nettement plus coûteuse en frais et capital et plus contraignante, même si cela fait bien d’être
propriétaire d’une SA ?
Un entrepreneur pour travailler a besoin d’une structure et d’un lieu où travailler ou commercer. Il a besoin d’outils, de machines, de matériel informatique etc. Il a parfois besoin de personnel. Bref, il doit mettre en place une structure qui a un coût. Plus ces frais sont élevés, plus son CA doit être élevé et sa marge confortable. S’il ne dispose pas de fonds propres suffisants, il devra s’endetter. Le principe est simple à énoncer, mais parfois difficile à appliquer : mettre en place la structure la plus légère et la moins coûteuse possible. C’est la première priorité.
2. La quête inlassable de l’efficience
La personne efficace atteint ses objectifs sans trop se préoccuper des moyens à mettre en œuvre, c’est bien. L’efficient cherche sans cesse à optimiser l’utilisation de ses ressources pour atteindre les mêmes objectifs plus rapidement et plus simplement, c’est mieux !
Entreprendre plus avec moins ! Voilà le mot d’ordre de l’efficient.
Les grands axes de l’efficience sont :
- Une définition claire des objectifs
- Une évaluation précise des ressources disponibles
- Une élaboration soignée et ingénieuse des process avec une exigence permanente : utiliser le moins de ressources possible
- Un contrôle après l’atteinte des objectifs pour chercher à améliorer encore l’optimisation des process
L’efficience est certainement une manière de fonctionner, mais elle est surtout une attitude intérieure avec un exigence impérieuse :
le maximum de résultats avec le minimum de ressources.
3. L’indépendance
Être indépendant, avant d’être un statut professionnel, est un état d’esprit. La société moderne et les médias de masse produisent des citoyens formatés et conformes. Celui qui veut être indépendant doit parfois braver cette pression sociale et sortir des sentiers battus en créant son propre chemin sur lequel il a décidé de marcher.
Dans le cadre de l’entreprise, cela signifie, entre autres, être le moins dépendant possible de l’endettement et des banques, des clients et des fournisseurs. Il s’agit d’un véritable combat.
Cela ne signifie pas être tout seul dans son coin et vivre en autarcie. C’est diversifier ses sources de revenus, avoir plutôt beaucoup de clients que peu, plusieurs fournisseurs qu’un seul, les payer cash et pas hors délai.
Il s’agit de faire en sorte que rien ni personne n’ait le pouvoir de vous contraindre ou de vous mener à votre perte.
En un mot, c’est être libre et pouvoir envoyer balader quelqu’un sans perdre votre entreprise !
4. La responsabilité
La quête acharnée de l’indépendance peut nous amener à prendre des libertés avec la loi et les règlementations. L’indépendance se mue alors en quête d’autonomie (être sa propre loi contre la loi). Cela peut nous conduire à passer de temps en temps ou en permanence de l’autre côté de la ligne et tricher : frauder le fisc, les assurances sociales, tromper les clients, les associés, les fournisseurs.
Bref, prendre sans donner. Le parcours du tricheur est semé d’embûches et finit souvent dans le fossé.
Je préconise plutôt un esprit de responsabilité non scrupuleux.
Être droit dans ses bottes sur les points importants et souple sur les points de détails. L’esprit scrupuleux crée l’inhibition et paralyse l’action. L’entrepreneur a besoin de force et de détermination pour surmonter toutes les difficultés du parcours. Il doit arriver à faire la part entre les obligations légales, les obligations contractuelles librement consenties et les petites « obligations » de la vie courante en préservant au maximum sa liberté d’action … et son indépendance.
Cela me fait penser à cette anecdote : dans un beau quartier résidentiel, tous les propriétaires se faisaient un devoir de tondre fréquemment leur pelouse avec le secret espoir d’avoir la plus belle, la mieux entretenue, la plus verte. Un voisin récalcitrant à ce formatage social décida de tondre sa pelouse en diagonale. Résultat : le lendemain, les pneus de sa voiture étaient crevés !
Pour ma part, je serai plutôt du style à mettre de l’herbe … et des moutons ?
5. Servir
C’est presque devenu un vilain mot ! … tellement il évoque des mots comme serf, servage, serviteur, bref rien de particulièrement attrayant et glorieux. L’image que l’on se fait le plus souvent d’un chef d’entreprise n’est pas non plus très sexy : il gagne jusqu’à 200 fois le salaire de son employé le moins payé, touche des stock-options et des primes et quand il est viré, il part avec un parachute doré !
Mais voilà ces quelques patrons surpayés ne sont pas représentatifs de l’immense majorité des petits entrepreneurs. Eux savent une chose : gagner de l’argent c’est savoir se rendre utile, voire indispensable ; savoir se rendre utile, c’est servir !
Quand je sers une prestation à un client, je me prête parfois, je me loue souvent, mais je ne me vends jamais !
Mon mot d’ordre : au service de tous, mais esclave de rien ni de personne !
6. Créer de la valeur
Prenons un exemple très concret : j’ai soif et je souhaite boire un soda que je n’ai pas à la maison. J’ai plusieurs possibilités pour étancher ma soif. Soit je vais à 200m de chez moi au café du village et je le paierai plus de 4 francs, soit je vais en voiture à l’épicerie du village d’à côté et je le paierai 1.50, soit je pousse plus loin et rejoins une petite ville et un centre commercial où je paierai le même soda moins d’un franc.
Que vais-je faire ? Dans ma tête, il y a une sorte de balance : dans un plateau je mets le prix à payer et dans l’autre l’effort que je dois fournir pour obtenir ce soda.
Sans hésitation, je vais au café du coin et paie plus de 4 francs alors que j’aurai pu l’avoir pour quatre fois moins cher en me déplaçant.
J’estime que pour un tel achat si peu impliquant, cela n’exige pas que je fasse plusieurs km et perde une demi-heure en déplacement.
Première constatation : le prix n’est pas le seul critère de mon choix. Je dirai même qu’il est secondaire.
Deuxième constatation : Dans mon choix, je privilégie un autre facteur : le moindre effort et l’économie du déplacement. J’ai estimé que la valeur du soda consommé au bistrot est supérieure au soda acheté quatre fois moins cher au centre commercial de la ville voisine.
Le but du chef d’entreprise est justement d’analyser la valeur des produits et des services qu’il vend. Quand il comprend qu’elle est cette valeur, ce plus qu’il offre au client, il peut alors trouver les moyens pour la mettre en avant, l’augmenter en ajoutant d’autres avantages pour le client.
Il valorise son produit ou son service et peut ainsi justifier son prix.
7. Innover en permanence
Au même titre qu’un être vivant parfaitement adapté à son environnement est vulnérable quand celui-ci se modifie, l’entreprise adaptée et performante prend un risque considérable pour sa survie quand l’environnement économique change, voire est bouleversé, quand les habitudes des clients se modifient, quand des concurrents se montrent plus incisifs.
L’entreprise ne vit pas dans une économie statique. Son adaptation est une conquête de haute lutte certes, mais peut se retourner contre elle quand son environnement change.
Elle peut alors devenir inadaptée tant dans sa structure que dans son fonctionnement. Son adaptation au marché n’est que temporaire. Elle doit évoluer comme n’importe quel être vivant. Il s’agit d’un processus dynamique permanent : je l’appelle l’innovation permanente.