La dispersion, l’ennemi des chefs d’entreprise
La vie d’un chef d’entreprise est souvent compliquée.
Compliquée par le nombre de personnes et de choses à gérer et qui le sollicitent en permanence, mais compliquée surtout parce qu’il se laisse envahir par la dispersion.
En d’autres termes, les sollicitations, les tâches à effectuer, voire les urgences organisent spontanément sa journée, voire sa semaine. Il est peut-être le chef de son entreprise, mais il n’est plus le chef de son temps et de son activité ! Il ressemble à un pompier qui court de droite et de gauche pour éteindre des départs de feu, qui, à peine éteints redémarrent de plus belle ailleurs.
Il « gère » comme on le dit familièrement, mais en fait il est géré par la multitude de ses tâches qui l’envahissent et l’asservisse : Il se disperse.
Pourquoi aimons-nous nous disperser ?
Car c’est bien de cela qu’il s’agit 🙂 Nous aimons nous disperser, la dispersion ne nous tombe pas dessus comme quelque chose d’inévitable, c’est quelque chose qui répond à des besoins en nous et que nous créons tout naturellement.
Faire le pompier est très gratifiant ! C’est la preuve irréfutable que nous sommes non seulement utiles, mais indispensables ! Qu’il est agréable de penser que nous sommes indispensables à nos clients, à notre personnel, à nos fournisseurs etc. Nous mettons alors tout en œuvre pour les satisfaire et répondre à leurs attentes : nous voulons être à la hauteur !
A la fin de la journée, nous avons la satisfaction d’avoir résolu plusieurs problèmes, d’avoir montré nos compétences et notre fiabilité. Nous avons même l’impression d’avoir fait du bon travail.
Il y a juste un petit souci : la plupart de ces problèmes vaillamment résolus ont été créés parce que nous nous dispersons et que nous réagissons plutôt que d’être pro-actif et de les anticiper avant qu’ils ne surviennent.
Nous ressemblons à un ventilateur : il fait du vent et du bruit, mais il n’avance pas !
En plus, suprême récompense : les autres nous apprécient. Ils nous trouvent dynamique et efficace.
Le burn out peut être à la porte
Au bout de quelque temps, nous devenons stressés et fatigués : le burn out est à la porte. Impliqué, certes, efficace, peut-être, mais pas efficient ! Être au service de ses clients, de son personnel, de son entreprise, certainement, être leur esclave, sûrement pas !
Votre entreprise est devenue le lieu de votre asservissement.
Le coût personnel de ce fonctionnement est exorbitant : stress, fatigue, voire burn out. Mais ce n’est pas là le point crucial : vous êtes tellement le nez dans le guidon en gérant le quotidien que vous risquez de perdre de vue l’essentiel : l’innovation, la création de valeur, l’amélioration de vos services et de vos produits, en un mot l’avenir de votre entreprise !Vous roulez peut-être à 150 à l’heure, mais si cette route conduit à une impasse, vous y serez juste un peu plus vite !
Concentrer son effort et son esprit, voilà la clé de l’efficience !
L’inverse de la dispersion est la concentration. J’accepte ce mot sous ses deux sens principaux :
- Action de réunir en un centre ce qui est primitivement dispersé
- Action d’empêcher l’expansion de ses sentiments ou de ses pensées
A l’image d’une loupe qui concentre les rayons du soleil pour faire démarrer un feu de brindilles, je concentre mon effort sur un point que je juge important et j’oublie le reste tant que je n’ai pas obtenu le résultat escompté.
Dans le même sens, si je veux briser un caillou, le frapper avec un bâton ne le cassera pas même si je multiplie les coups. Même un marteau ni arrivera pas. Mais un marteau et une pointe en acier le briseront au premier coup. La pointe en acier me permet de concentrer mon effort toujours limité sur un point précis et obtenir le maximum d’effet.
A l’image du microscope qui me permet de me focaliser sur un point, je concentre mon esprit sur la tâche que j’ai décidé d’accomplir et je fais abstraction du reste. Rien n’est aussi important que ce que je suis en train de faire !
Le reste peut et devra attendre.
Mettre en place une stratégie efficiente de gestion
Dans la gestion de l’entreprise, cette stratégie se manifeste ainsi :
- Se concentrer sur l’essentiel, s’occuper du nécessaire et gérer simplement et rapidement le reste.
- L’essentiel, le nécessaire et l’utile sont rarement urgents, sauf si on a laissé traîner les choses. On peut s’organiser pour leur allouer le temps et les ressources nécessaires.
- Sur la durée de temps imparti, on ne se concentre que sur une tâche à la fois en faisant abstraction des autres quitte à mécontenter des gens. L’efficience est parfois à ce prix !
- Quand on s’en occupe, on le fait avec intensité et la détermination d’aller au fonds des choses pour ne plus avoir besoin d’y revenir avant un bon moment.
- On consacre moins de temps et d’effort en se concentrant sur une tâche que de l’accomplir par petits bouts en plusieurs fois.
- Rappelez-vous ce proverbe : Faire les choses à moitié est souvent inutile, parce que c’est souvent l’autre moitié qui compte !
Le credo du chef d’entreprise efficient
Voici quel pourrait être votre credo :
« Je suis le chef de mon entreprise et l’entrepreneur de ma vie. Ce ne sont ni les gens ni les choses qui me dictent mon programme.
Au service de tous, mais esclave de rien ni de personne.
Sans cesse, j’exerce mon jugement pour discerner ce qui est essentiel, nécessaire et utile à mon entreprise. J’écarte, autant que faire se peut, le futile.
Je refuse de me disperser et le fait comprendre aux autres.
Je préfère m’atteler à une tâche en une fois que d’y consacrer plusieurs fois un peu de temps.
Je m’alloue le temps suffisant pour exécuter une tâche et je concentre tous mes efforts et mon esprit pour l’accomplir rapidement et à fonds.
Quand j’ai terminé, je m’accorde un temps de récréation et passe à la suivante.
Finalement, je fais davantage de choses en moins de temps et en fournissant moins d’effort ».